Togo - Natation : Comme un togolais dans l'eau

« Sais-tu nager ? »

Alors que dans les contrées occidentalisées cette question ne se pose quasiment plus, il nous semble bon de se rappeler que dans le reste du monde savoir nager est un luxe qui n’est pas accessible à chacun.

Au Togo l’océan atlantique n’a rien d’amical. Tout ce qu’on lui demande est de donner du poisson aux pêcheurs et de mener les porte-conteneurs vers le port, et c’est déjà beaucoup. Dans la vie de tous les jours on ne s’en approche qu’exceptionnellement pour jouer au football sur le sable. On l’évite le plus possible, et pour cause, l’océan fait peur. Bien que la plage de Lomé soit magnifique – le tryptique sable fin, palmiers, océan bleu ayant fait ses preuves – il est extrêmement rare d’y croiser des baigneurs. Associé aux courants et vagues de l’océan, le fait que les togolais ne sachent pas nager a contribué à nous faire passer pour des extra-terrestres lorsque nous sommes allés barboter dans l’atlantique de Lomé…

Nous avons eu la chance de nous rendre à la piscine de l’Atlantide, hôtel désaffecté en banlieue de la capitale togolaise, qui accueillait en cette belle matinée de mai la 6ème séance d’entraînement de natation réservée aux futurs professeurs d’éducation physique et sportive du pays. Dans ce bassin de 15 mètres sur 6 (la seule piscine « accessible » du pays) plus de 40 élèves suivaient les consignes de leur entraîneur, le Directeur Technique National en personne, à vrai dire le seul expert de natation du pays. Et c’est dans cette piscine surchargée et dans une joyeuse ambiance que nous avons pu constater la motivation, la volonté et les efforts incessants de tous les futurs enseignants qui prenaient part à l’entraînement.

Alors que chaque plongeon débouche sur un combat acharné pour ne pas boire la tasse, si ce n’est sur un début de noyade même s'il n'y a qu'un mètre de fond, le plaisir et l’entrain des élèves restent intacts. Ils savent simplement qu’ils sont privilégiés d’avoir l’opportunité d’apprendre à nager.

Rires et bonne humeur autorisés (et disponible en HD s’il vous plaît !), vous êtes les bienvenus dans le Cercle des Futurs Nageurs de Lomé…

Alors, qu'en pensez-vous?

Date
Par
Sujet

comme un Togolais dans l'eau ...

très surprenant cette video , mais géniale ! c'est vrai que je ne pensais que ce rapport à la nage n'allait pas de sois pour une population vivant au bord de la mer . merci pour ce document.

Date
Par
Sujet

vive les lions

C'est vrai que nous ne savons pas tous nager ici en Afrique :-)
J'attends impatiamment les reportages sur mon pays le cameroun et les lions indomptables

Ousmane (rencontré à la soirée du gala des lions)

Date
Par
Sujet

Sympa et bravo

la volonté et le courage des nageurs sont impressionnant
bon voyage à vous

Côte d'Ivoire - Athlétisme - Oumar Koné, le sportif le plus titré de Côte d'Ivoire

Oumar Koné est le sportif le plus titré que nous aurons rencontré sur notre parcours : 58 médailles d’or internationales, 14 médailles d’argent et 5 médailles de bronze accumulées tout au long d’une brillante carrière qui s’achèvera – c’est son plus grand rêve – par un nouveau titre paralympique à Londres en 2010.

Oumar est amputé au bras depuis qu’il est tout jeune. Alors que les handicapés sont voués à passer leur existence à mendier en Côte d’Ivoire, Oumar décide de se battre et de faire du sport sa vie. Après avoir joué au football avec les enfants (valides) de son quartier, il arrive à l’athlétisme en 1994 à 16 ans après avoir été détecté par celle qui sera son fidèle entraîneur pendant 15 ans. Dès 1995 et sa toute première compétition internationale, les Jeux Arabo-Africains au Caire, Oumar décroche l’or au 5000m ainsi que deux médailles d’argent au 800m et au 1500m (respectivement en 14’05’’66, 1’58’’01 et 4’01’’90 pour les statisticiens).

15 ans plus tard Oumar est le sportif le plus titré de la Côte d’Ivoire : 3 médailles d’or Paralympiques, 3 records du monde et d’innombrables titres nationaux en valides.

Si nous avons rencontré Oumar, c’est par hasard, alors que nous visitions le Salon des Sports d’Abidjan le 19 mai dernier. Il avait décidé de montrer à tous les passionnés de sport ivoirien que les handicapés avaient désormais leur fédération propre, alors qu’elle n’existait pas lorsqu’il a commencé la compétition. Aujourd’hui elle compte plus d’une centaine de membres et envoie des sportifs autour du monde pour chaque olympiade. Ces voyages sont la plus grande fierté d’Oumar et sa plus belle « récompense » sportive, lui qui n’a ni sponsor, ni équipementier, ni bourse d’état pour pratiquer son sport. Alors que le football déchaîne les passions au pays des éléphants, surtout à l’approche de la coupe du monde africaine, Oumar n’a qu’une notoriété très limitée dans son pays alors que ses performances sont remarquables, dans un sport difficile à pratiquer dans un pays qui ne compte que deux pistes en tartan…

Alors qu’il a perdu ses deux parents, que ses frères ne le considèrent que très peu car « le sport ce n’est pas une activité sérieuse », Oumar pense à l’après carrière, qui arrive à grand pas. « Je n’ai pas de maison, je ne peux donc pas me marier. Aucune femme ne voudrait épouser quelqu’un de mon âge qui n’a pas de maison »…

Quoiqu’il en soit Oumar garde le sourire et sa motivation, et se permet de nous offrir deux maillots des éléphants lors de notre passage dans sa chambre de Treichville, pour que nous n’oubliions pas notre séjour ivoirien. Et effectivement, nous ne sommes pas prêts de l’oublier…

 

Un grand merci à Oumar pour sa gentillesse, sa générosité et sa persévérance. Merci également à son entraineur Louise Koré de nous avoir permis de rencontrer le champion…

Laissez vos commentaires sur ce sujet !

Date
Par
Sujet

Jolie vidéo!

Bonjour,

c'est un beau sujet, vraiment, et Oumar Koné est si plein d'espoir, de vitalité avec un palmarès impressionnant, dommage que je ne découvre votre initiative que si tardivement. Que devient-il? Merci et bon courage.

Date
Par
Sujet

pistes d'afrique

Bravo les gars, en attendant la suite !
Continuez comme ca, vivement les prochains reportages

Date
Par
Sujet

Allez Oumar

J'ai deja rencontré oumar a abidjan c'est un grand champion, tout le pays est fier de lui. merci pour le reportage et allez les elephants pour la coupe du monde de football.
Amadinho

Date
Par
Sujet

Très beau reportage !

Bonjour,
je suis athlète moi aussi et très sensible aux disciplines handisport et je tiens à vous féliciter pour cette belle vidéo sur Oumar, que j'ai déjà vu courir en Europe !
Très bonne continuation.

Karaté - Burkina Faso - Un Dojo à Réo, ca change la vie

5 mai 2010, 18h. Dans la chaleur étouffante de Ouagadougou nous apprenons que le rendez-vous – pourtant calé depuis une semaine - avec son Excellence le Ministre des Sports ne pourra avoir lieu, pour raison de "planning de travail surchargé". Dommage pour nous qui aurions aimé échanger avec les autorités compétentes après avoir parcouru l’ensemble du pays pendant plus de deux semaines et y avoir découvert de nombreux sportifs. Nous décidons alors de rebondir, et de filer vers Réo, charmant petit village à quelques 100km de Ouagadougou, pour y découvrir son club de karaté. Une heure et demi de bus plus tard, nous arrivons à Koudougou, à 15km de notre destination finale. Nous prenons alors un taxi, qui pourra nous porter à bon port et nous permettre de rencontrer les fameux karatékas de Réo. C’est au moment précis où nous montons dans le taxi qu’un orage d’une violence inouïe s’abat sur Koudougou et sur la route qui doit nous mener à Réo… Une heure inoubliable pour faire 15km, marquée par les nombreuses fuites dans le toit de la voiture, les éclairs impressionnants et le taxi immobilisé de nombreuses fois coincé dans l’eau qui montait jusqu’au niveau des portières…

Nous arrivons finalement à Réo avec quelques heures de retard mais accueillis fabuleusement par Maître Issa Bado et ses élèves, ayant eu la gentillesse de patienter jusqu’à notre arrivée avant de commencer l’entraînement. Après une cérémonie de bienvenue nous sommes invités à suivre leur échauffement suivi de katas collectifs, de katas individuels ainsi que d'entraînements au combat, très impressionnants pour les novices de la discipline que nous sommes. Nous découvrons que le Karaté Club de Réo, créé en 1998 et équipé d’un dojo depuis 2008, est le meilleur club du pays. Ce dojo a été construit suite à l’initiative humanitaire de l’association « Un Dojo Pour Réo », menée notamment par Cécile Limier (sa présidente) et l’ensemble du club de karaté de Six-Fours les Plages dans le Sud de la France. C’est véritablement ici, dans ce dojo en plein cœur d’une campagne Burkinabé, que naissent les futurs champions nationaux et internationaux qui feront la fierté de tout le pays. Car au Burkina, et grâce notamment aux performances des élèves du Karaté Club de Réo, le Karaté est un sport de plus en plus populaire.  « Mon ambition c’est de devenir champion du monde et de porter haut les couleurs de mon pays » nous confie Aziz, 13 ans et champion national cadets. Pour Albertine, l’un des plus grands espoirs du club, « les Burkinabés, et notamment les karatékas de Réo, ont en-eux les qualités pour devenir redoutables sur la scène internationale. Nous avons notamment de plus en plus de jeunes filles qui s’entraînent très sérieusement et font d’énormes progrès ». Dans le même sens, le maître Issa Bado nous a justement fait constater que la naissance et le développement du club a pu faire évoluer les comportements et les mentalités : une profonde mutation sociale de l’individu est devenue possible en défendant un droit fondamental qui est celui de la liberté, et l’accès au sport pour tous, avec les valeurs éducatives et citoyennes qu’il possède. Aussi aujourd’hui le sport et notamment le karaté n’est plus seulement l’affaire des hommes ! Le club a profondément permis de faire évoluer la condition des femmes au Burkina et aujourd’hui, le pays possède une équipe nationale féminine, dont un tiers sont des pratiquantes de Réo. Cette équipe aura certainement l’honneur de venir défendre les couleurs de leur pays en juin prochain à l’occasion des jeux mondiaux organisés dans le sud de la France, ce qui pourrait être une grande première car la plupart de ces karatékates ne sont jamais sorties de leur territoire…

La séance d’entraînement fut clôturée en chanson, les élèves nous ayant préparé spécialement une composition pour nous remercier d’être venus à eux. Vous pourrez avoir un aperçu de ce moment qui fut très fort pour nous dans la vidéo ci-dessous.

La tempête ayant rendu les routes parfaitement impraticables, nous avons passé la nuit à Réo, accueillis au sein du foyer de Maître Issa Bado, allongés par terre dans son salon, entourés des trophées du champion qu’il a été, de posters de Bruce Lee et de proverbes japonais affichés sur les murs…

A tous les membres du club : nous avons été profondément impressionnés par votre courage, votre tenacité, votre gentillesse et votre discipline. Nous vous souhaitons de recevoir tout le succès et la reconnaissance que vous méritez.

Longue vie au Karaté Club de Réo !

Laissez vos commentaires sur ce reportage !

Date
Par
Sujet

remerciements

Salut Antoine! c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai lue l'article consacré au karatédo de Réo au Burkina Faso et visionné les vidéos. Ce sont d'excellents reportages que tu as fait et je voudrais te remercier cette opportunité que tu nous donnes de nous faire connaître dans le monde. Tu as le bonjour du maître et de tous les élèves du kararédo de Réo. On tous vous revoir teès bientôt au Burkina en particulier à Réo. Je te communique le numero auquel tu peux m'appeler c'est le 00226 72190281. Merci et à bientôt!

Date
Par
Sujet

Votre blog

Excellente idée de s'intésser à toutes les disciplines sportives, on apprend vraiment beaucoup. A l'approche de la coupe du monde, j'ai fait un petit tour des road-trip intéressants rapportés sur le web, dont le votre, et j'en parle ici :

https://africanscreenshots.wordpress.com/2010/06/07/afrique-du-sud-du-foot-et/

Bonne continution à vous et bonne lecture à tous!
Miss Africanscreenshots

Viens, viens à l’école des champions…

En ce jour si important de diffusion de la liste des 23 bleus (+ William) sélectionnés pour la coupe du monde de football en Afrique du Sud, Pistes d’Afrique ne pouvait se résoudre à rester inactif. Pour ce faire et puisque nous faisons le pari que beaucoup vont se lasser très vite des interminables débats qui suivront sur les choix de Domenech, nous avons envie de vous parler football différemment en vous faisant découvrir les coulisses des écoles de football de Ouagoudougou. Une bouffée de fraicheur en plein cœur de la capitale du pays des hommes intègres (signification du Burkina Faso), le centre névralgique de la passion pour les Etalons, surnom de l’équipe nationale !

Dans le concert des nations ouest-africaines, le Burkina Faso n’est certes pas un ténor footballistique mais l’engouement populaire n’en demeure pour autant pas moindre. Le ballon rond est le sport national et tous sans exception y jouent ! Un football « de bricolage » qu’on découvre facilement au détour de nombreuses rues sur lesquelles s’improvisent des terrains aux tailles variables avec des buts souvent délimités par des boites de conserve. Pour les enfants du Burkina – la force vive de la nation puisque les – de 15 ans représentent plus de 50% de la population (tout de même !) – le football est un jeu, comme chez nous en France. Mais pas seulement… Le football c’est surtout un métier, celui qu’ils rêvent tous d’exercer un jour. « Le football, c’est mieux que l’école car on devient plus vite célèbre et riche », nous rapportent régulièrement les apprentis footballeurs croisés dans ces écoles. Un tremplin assurément mais pas pour tous ! L’Afrique regorge de talents c’est une certitude mais seule une poignée réussiront à devenir professionnels, joignant au talent naturel l’abnégation et une capacité hors norme d’adaptation… cruciale lorsqu’il s’agit de convaincre en quelques entrainements un club européen, loin de ses racines, de ses repères !

Toutes ses qualités, Charles Kaboré – le tout nouveau champion avec l’OM – les possède. En l’espace de quelques mois sous l’ère Deschamps, il a réalisé la prouesse de sortir du fin fond du banc pour devenir un rouage indispensable à l’équipe olympienne. Dans un pays en manque de très grands joueurs – qui n’a pas (encore) son Eto’o, Essien ou Drogba – Charles devrait être un modèle, non ? Avec ce reportage, vous constaterez que rien n’est moins sûr car si les gosses burkinabais souhaitent exercer « le plus beau métier du monde », ils ambitionnent également d’appartenir au gotha des superstars. Messi et CR 9 les inspirent car ils sont les plus forts donc quitte à devenir professionnel, autant rejoindre les meilleurs.

Témoignages attachants et sincères proposés par ces footballeurs en herbe qui vous toucheront à coup sûr par leur connaissance du football et leur fraicheur. En vous ouvrant les portes de leurs envies les plus folles, ils vous feront sentir que le ballon rond n’est pas qu’un sport, constat partagé quelque soit l’école de football : de la célèbre académie Kaba school à des écoles aux moyens plus limités comme Zenith ou la JSA.

A l’issue de ce visionnage, on comptera alors sur vous pour nous confirmer sur le forum si oui ou non en ce jour de sortie de la liste des 23 c’était une bonne idée de discuter football sous un autre angle en partant à la découverte des étalons de demain…

Laissez vos commentaires sur ce sujet !

Date
Par
Sujet

foot ( jeunes.)

Bonjour, moi je vous remercie de parler du football burkinabè, et de mon point de vu , aller à la découverte des futurs étalons est une très bonne idée; cela est encourageant et pour les jeunes joueurs, et aussi pour ceux là, qui les encadrent. Vous contribuez ainsi à l'épanouissement de jeunes footballeurs, et là au développement du foot mondial. Merci.

 Entretien avec Salif Keita - Ancienne gloire du football malien

 

Salif Keita est un homme heureux car quand il regarde derrière lui, il peut se réjouir d’une existence chargée.

Dans une 1ère vie, Salif Keita était un musicien, Malien d’origine et très doué comme tant d’autres en Afrique. Seulement en plus du talent, Salif affichait du courage et de la persévérance, hérités certainement de sa différence puisque Salif Keita n’était pas prédestiné à arpenter le monde de la musique. Albinos de naissance et issu de la caste royale, Salif Keita n’aurait jamais du jouer de la musique puisque les personnes de son rang disposent de leurs propres artistes, les griots comme on les appelle dans la sous-région d’Afrique de l’Ouest. Et pourtant ! Une belle histoire donc… 
 

Dans une autre vie, Salif Keita était un footballeur, dans ce cas également ambassadeur de son continent sur la scène mondiale. Un pionnier, l’un des premiers Africains à s’imposer en Europe et même aux  Etats-Unis. Là encore une belle histoire à côté de laquelle Pistes d’Afrique ne pouvait passer à côté tant elle en a inspiré d’autres par la suite. Un destin fabuleux pour l’une des légendes de l’épopée des verts présente à jamais dans les mémoires collectives françaises. A l’époque avec Antoine, nous n’étions pas encore nés et pourtant nous avons souvent entendu parler des poteaux carrés qui ont sauvé le Bayern à Glasgow…

L’histoire de Salif le footballeur est bien remplie, elle prendrait du temps à raconter. Les détails fouillis d’une carrière richissime et autres statistiques n’étant pas la philosophie du projet, nous laissons Wikipedia le faire mieux que nous. Nous préférons l’approche par anecdotes et souhaitons vous conter une somme de petites histoires – vous savez – celles qui font tantôt sourire ou qui surprennent car on ne les connaissait pas.

Parler de Salif Keita le footballeur, c’est d’abord évoquer une carrière Internationale avec un grand I, la mondialisation avant l’heure avec 5 pays parcourus : Mali, France, Espagne, Portugal et Etats-Unis. Des débuts précoces au Real de Bamako avec déjà des buts à la pelle, lui ouvrant les portes de l’équipe nationale (un but pour sa 1ère sélection, ça vous rappelle pas quelqu’un ?) et l’opportunité de briller en ligue des champions africaines avec le Real évidemment – le club dont il dirige aujourd’hui le centre de formation - mais aussi avec un autre club de Bamako, le règlement à l’époque permettant d’aller chiper des jokers dans des clubs voisins pour disputer la compétition reine. De cette période, Salif se souvient de buts nombreux et aussi de finales trop souvent perdues, dont une au nombre de corners tirés… sacré règlement ! Il se souvient également de l’engouement populaire et de la ferveur malienne pour le football – le sport souverain – celle qui fait d’un joueur banal un héros aussi rapidement qu’elle trouve des boucs émissaires en cas de défaites cruelles, synonymes d’immenses déceptions. Salif le footballeur, il a été les 2 à la fois, son statut d’accusé l’ayant même conduit à venir en France, précisément à St Etienne.

Son passage à  l’ASSE, Salif se la remémore le sourire aux bords des lèvres, ce même sourire qu’il arborait à l’époque sur les nombreuses couvertures de magazines qui le consacraient meilleur footballeur africain de sa génération. Pour de nombreux stéphanois, Salif restera comme l’un des tous meilleurs joueurs de l’histoire du club. Il nous livre au cours de l’entretien de nombreuses anecdotes que nous écoutons les oreilles grandes ouvertes pour ne rien rater : du désormais célèbre taxi d’Orly - pris pour rejoindre le chaudron à son arrivée en France n’ayant pas d’argent aux poches pour procéder autrement - en passant par ses débuts magiques : un but à Monaco pour son 1er match avant un doublé le match suivant à Lille à l’occasion de sa 1ère rencontre sur la neige !

Ensuite, c’est l’OM qui l’accueille à bras ouverts, si heureux de compter dans ses rangs un si grand buteur (125 buts en 149 matches avec les verts). Un chapitre au final très court, conclu par un départ après 6 mois vers l’Espagne et Valence, à l’issue du refus de Salif de prendre la nationalité française, qui permettait au club de contourner le fameux quota des joueurs étrangers en vigueur à cette époque en D1 française. « Nous étions plusieurs étrangers ; moi j’étais incontournable dans l’équipe, donc pourquoi venir vers moi en 1er et pas vers d’autres comme Magnusson ou Skoblar, plus souvent remplaçants que moi ? » nous demande le n°10 olympien, une pointe de déception dans la voix mais sans amertume.

La suite, c’est donc Valence et la Liga, passage heureux jusqu’à des blessures récurrentes qui lui font sérieusement envisager à une fin de carrière. Mais même handicapé, Salif reste un grand joueur d’où les sollicitations de nombreux clubs de moindre envergure certes mais l’encourageant à continuer. Au final, c’est le Sporting de Lisbonne qui emporte la mise, pari réussi puisque Salif le polyglotte y gagnera l’apprentissage d’une nouvelle langue et culture mais aussi le début d’une 2ème carrière, les blessures le minant ayant  miraculeusement disparu !

On pourrait s’arrêter là me direz-vous. Et bien non, puisqu’un chapitre manque encore à l’appel du footballeur, celui de son dernier club aux US, le Qatar de cette période. En signant à Boston, Salif imitait ainsi d’autres grands joueurs et pas des moindres comme Pelé ou Beckenbauer !

Aujourd’hui reconverti dans l’hôtellerie sur Bamako après avoir été entre autres président de la fédération, Salif le businessman réussit dans les affaires. Un chapitre en cours donc dont nous ne connaissons pas encore l’issue. Il y a fort à parier néanmoins qu’elle sera heureuse, ne serait-ce que pour ne pas entacher son si beau sourire ! Pistes d’Afrique s’est créé pour raconter de belles histoires et permettre également d’approcher des anciennes gloires inaccessibles en France. Ce fut bel et bien le cas avec Salif. Après un ballon d’or d’africain, place à un ballon d’or tout court : JPP, Zizou, vous seriez pas dispos ?

 

 

 

 

Laissez vos commentaires sur Salif Keita !

Date
Par
Sujet

merci

salif c est gentil pour toi pou tout ce que tu as fait pour ce maliba qui ne veut jmais rien reconnaitre.je te souhaite bcp de courage et que Dieu te protége et donne longue vie.Merci a toi simon

Date
Par
Sujet

merci salif !!

salif keita, la légende des verts ! L'un des meilleur joueurs de l'histoire du club sans aucun doute

Mali - Hippisme : Hippiquement Malien

Tout d'abord une stat, pour mettre dans la chaude ambiance des courses hippiques maliennes: le Mali est le 2ème parieur au monde sur les courses de chevaux, dans la foulée des turfistes français.

Ce dimanche 17 avril fut un dimanche de courses au Mali. Au programme trois courses de catégories différentes : les jeunes chevaux, les demi-cracks, et la catégorie reine, les cracks. Habituellement la piste de l'hippodrome principal du pays est arrosée avant les compétitions pour empêcher les nuages de poussière. En ce 17 avril la coupure générale d'eau nous a permis d'assister à un spectacle poussiéreux et passionnant.

Parmi les grands gagnants de la journée, l'écurie Chelsea - dont vous pourrez rencontrer le propriétaire "Abramovitch" dans la vidéo ci dessous - qui est le leader incontesté du hippisme malien du moment, ayant remporté à plusieurs reprises le Prix de la Nation, véritable sommet du sport malien auquel assiste chaque année le chef de l'état et qui passionne le pays tout entier.

Au pays ou le cheval est roi, nous vous souhaitons la bienvenue à l'hippodrome de Bamako pour un dimanche de courses ordinaire.

 

Passionnés de chevaux (ou pas), laissez vos commentaires !

Date
Par
Sujet

Excellent !

Très bon article, c'est une vraie découverte pour moi!

Date
Par
Sujet

vous

Je suis tombé sur votre site grâce au lien de l'équipe.fr. J'ai toujours le rêve qu'internet ce soit cela : dépaysement et connaissance du monde... J'ai pris votre site sur mes favoris et j'y retournerais sans doute souvent. Il est pas mauvais pour nous, français, de humer l'air des autres continents. De gouter une lumière différente, d'assister au spectacle de joies inédites. Alors continuez dans cette voie. Et même n'hésitez pas à l'approndir. J'imagine que vos moyens ne sont pas illimités mais une version longue de certaine vidéo pourrait être bienvenue. Un conseil qui n'engage que moi : n'ayez pas peur de l'image brut (le retour de la musique africaine n'est pas toujours indispensable) parfois quelque dizaine de secondes de plus aide à l'impression "d'y être". Très bonne continuation et très bon voyage.

Mali - Football : L'ASKO, un quartier dans l'élite

Dans notre tendre et douce France, il est rare de voir le football amateur faire la une de l’affiche, à l’exception de la seule Coupe de France qui le célèbre chaque année, mettant en avant une épopée mémorable, une équipe et ses joueurs héroïques. Le professionnalisme est en effet entré dans le football, accaparant sur son passage tous les projecteurs médiatiques. C’est probablement bien dommage car n’oublions pas que le football professionnel puise ses racines dans le monde amateur, celui qui rassemble les masses dont parviennent à s’extraire uniquement les plus talentueux, aptes à tenter l’aventure de l’élite. Ils sont de plus en plus jeunes et intègrent les fameux centres de formation.

Au Mali, Pistes d’Afrique célèbre ce football amateur en partant à la rencontre de l’Association Sportive de Korofina, un club de quartier… aujourd’hui dans l’élite de ce sport. 15 années d’efforts intenses pour gravir progressivement les échelons menant à la Ligue 1 et s’y installer durablement, l’exploit est suffisamment remarquable pour nous nous y intéressions de plus près… Un parcours étonnant donc qui récompense le travail acharné fourni par une bande de copains, les « irréductibles » dirigeants du club qui y ont cru sans jamais renoncer, en dépit d’un scepticisme tout à fait légitime autour d’eux. Faire le pari de la détection et de la formation des jeunes en s’appuyant sur un staff de locaux, tous anciens de l’ASKO, le pari pouvait sembler fou mais peu importe, il est réussi ! Damer le pion au Stade Malien - l’ogre du championnat - l’ASKO l’a appris et l’exécute depuis 2 ans avec justesse misant sur l’insouciance et le culot de ses apprentis footballeurs, souvent pas encore seniors, ambassadeurs de tout le peuple de la commune 1. Cet arrondissement complet de Bamako vit pour l’ASKO, sujet de discussion intarissable encore, d’autant plus que cette année l’équipe dirigeante affiche clairement ses ambitions. Conserver les joueurs cadres pour conquérir la Coupe et le titre de Champion l’année prochaine, voici la dernière folie du Président qui nous a été présentée avec conviction. L’ASKO réalise depuis des années des miracles, alors pourquoi pas un de plus ? « Pas tout à fait » nous reprend-il dans la foulée car après 15 années de performances de ce niveau, « on peut cesser de parler d’exploits, non ? Nous progressons chaque année, donc l’ASKO est génétiquement programmé pour le titre ».

Avec ce reportage, Pistes d’Afrique souhaitait vous raconter une très belle histoire dans le sport roi au Mali, le football. Alors profitez bien de cette vidéo, véritable bouffée de positivisme au cœur d’un monde amateur dans lequel tentent de se mêler les prémisses du professionnalisme. Une rencontre marquante pour nous dans un club familial qui commence à envoyer ses joueurs en Europe. En témoigne le fabuleux destin de son premier joueur à signer un contrat pro cette année : stoppeur par défaut au sein de l’équipe nationale des juniors, il est repéré par le sélectionneur des A qui le convoque avant de la faire débuter de manière imprévue une nouvelle fois pour faire face à une cascade de blessures. 1 sélection chez les juniors + 2 chez les A pour signer en Belgique, voici une ascension fulgurante à l’image de son club : l’ASKO. Vous vous en souviendrez ?

Laissez vos commentaires !

Date
Par
Sujet

SMILE

Le coach est vraiment super! Belle vidéo!
Sophia

Date
Par
Sujet

Top !

Félicitations pour ce reportage ! Très intéressant et pro.
Daël, toujours aussi adroit dans l'art du pénalty...
On attend la suite avec impatience !

Date
Par
Sujet

Superbe !

Très beau reportage !

Evidemment, les couleurs de la France ne sont pas portées bien hautes, en témoigne le regard plein de pitié des jeunes footballeurs face à la qualité de centre de la Youle.

Continuez comme ça!

Bienvenue à la Maison du Rugby

Pistes d'Afrique vous propose de découvrir la Maison du Rugby, véritable havre de paix dédié à l'ovalie en plein coeur de Yoff, dans la banlieue de Dakar. Tout récemment créée à l'initiative de la Fédération Sénégalaise de Rugby et de son Président Guedel Ndiaye, elle offre aux enfants de la rue l'opportunité de pratiquer le rugby, sport encore méconnu au pays de la téranga et dont les valeurs contribuent à leur épanouissement. En parallèle de l'éducation par le sport la Maison du Rugby offre des cours d'informatique, de mathématiques de français ou encore de secourisme à ces enfants qui n'ont pas la chance d'être scolarisés.

Ces jeunes pousses qui entrent en contact avec ce sport dès l'âge de 8 ans détiennent déjà le meilleur style de jeu de tout le pays et constituent le vivier de la future équipe nationale sénégalaise. Nul doute que nous en recroiserons certains à l'avenir sur les pelouses du Top 14...

Nous remercions chaleureusement la Maison du Rugby et la Fédération Sénégalaise de Rugby qui ont vivement contribué au plaisir pris lors de la première étape de Pistes d'Afrique.

Laissez vos commentaires sur la Maison du Rugby !

Date
Par
Sujet

Rugby

Vraiment super reportage! les images de jeu sont impressionantes, ils y vont pas avec le dos de la cuillere, et dans le sable en plus. Y'a de l'envie, des passes, ils sont deja meilleurs que les Anglais c'est sur. 6km de marche pour aller s'entrainer et vrenir, pas le 100e des joueurs en France feraient ca, et encore moins pour jouer dans le sable. Vraiment touchant! Bravo pour ce reportage et pour ce club bien sur!

Date
Par
Sujet

La Maison du Rugby

Salut Gilles,
La qualité du reportage en dit long sur la qualité du projet et du travail effectué.Les images sont très révélatrices du potentiel de ces jeunes joueurs.L'avenir du rugby sénégalais se situe à l'évidence,plus à Yoff qu'en France.Bravo et bonne continuation.Amitiés.

Date
Par
Sujet

Rugby à Yoff

Très beau reportage Gilles,on se plaint en France de l'état des terrains et de beaucoup de choses ,on prend une leçon de simplicité, de courage et d'humilité.
Bravo pour ton investissement

A l'entraînement avec Eumeu Sene

Eumeu Sene n'est pas un inconnu dans l'univers de la lutte sénégalaise. Fort d'une récente victoire contre Balla Gaye 2, Eumeu incarne à lui seul la nouvelle génération de lutteurs et s'impose comme le favori à la succession de l'actuel Roi des Arènes : Yékini.

Alors que nous avions prévu de rencontrer rapidement Eumeu pour un entretien à la sortie d'une séance de musculation, le rendez-vous s'est transformé en journée entière passée avec lui, grâce à l'extrême gentillesse de l'attachant champion et de toute son équipe. Nous avons eu le privilège d'effectuer une séance d'entraînement au sein de l'écurie Boul Falé (l'écurie de Tyson) à Pikine, dans la banlieue de Dakar, et nous sommes enchantés de vous proposer de découvrir les conditions de préparation du futur très grand de la lutte sénégalaise.

Let's go !!!

Un grand merci à l'ensemble de l'écurie Boul Falé de nous avoir accueillis à Pikine et de nous avoir donné l'opportunité de vivre un moment de découverte et de partage inoubliable...

Laissez vos commentaires sur ce sujet !

Date
Par
Sujet

merci encore à vous

eumeu sene un grand champion

  A la découverte de la gymnastique sénégalaise...

 

Avec Antoine, on doit bien avouer que la gymnastique ce n’était pas vraiment notre truc à l’école. On vous dit ça car comme tous les élèves scolarisés en France, on est passé par l’obligatoire pratique de cette discipline dans le cadre de nos cours d’EPS.

« Sport complet par excellence », la gymnastique était toujours présentée comme la voie la plus naturelle pour développer le corps qu’on soit enseignant dans le public ou le privé, au collège ou à l’école primaire. La gymnastique, en France, on sait qu’on l’aura forcément au programme de l’année car elle se mange à toutes les sauces : sol dans sa version la plus simplifiée mais aussi au travers de tous les agrès. Avec le recul en y repensant, je crois que je les ai tous fait : des terribles barres parallèles en passant par les non moins anneaux de l’impossible sans oublier celui qui m’effrayait le plus parmi ces instruments de torture : le saut de cheval, discipline pour laquelle la « chute qui fait mal » était l’impitoyable sanction… Non je ne souhaite pas faire de Pistes d’Afrique une tribune de psychanalyse mais au final je dois bien avouer que j’en ai un paquet des souvenirs de gymnastique, mauvais pour l’essentiel je vous rassure. Sport complet, mensonges oui, quand je me remémore mes notes déplorables collectées en pagaille alors que je me pensais grand sportif. Bref la gymnastique, c’est d’abord un sport pour les filles… auquel je pouvais échapper tant l’éventail de sport auxquels on a accès en France est large !

La gymnastique c’est marrant, on l’a retrouvée avec Antoine à Dakar au travers d’Albertine Gonçalves, la très attachante Présidente de Fédération de ce sport au Sénégal depuis plus de 20 ans. Albertine, c’est une Grande Dame, une travailleuse de l’ombre acharnée qui en a fait pour le sport dans le pays. Avant c’était la présidence du cyclisme et la trésorerie du Comité National Olympique Sénégalais, aujourd’hui c’est donc la gymnastique et la responsabilité de Vice Présidente au sein de ce même comité. Bien qu’elle se plaise à rester cachée, les autres la remarquent parfois et profitent de ces moments rares pour la récompenser.

En la matière, Albertine c’est un beau palmarès, la plus belle récompense étant certainement son titre de femme de l’année œuvrant dans le sport pour l’ensemble du continent africain. Elle se souvient de ce moment spécial qu’elle nous raconte avec beaucoup de sincérité : « c’était en 2006, j’avais reçu une invitation pour Lausanne. Bonne nouvelle car je voulais en profiter pour obtenir de l’aide pour poursuivre le développement du sport au Sénégal. Résultat : là-bas on m’envoie dans un grand hôtel et on m’annonce qu’on va me remettre le prix en grandes pompes et non au titre de mes activités sénégalaise mais pour l'exemple que j'ai pu représenter pour le continent africain… » Pas d’inquiétude chers lecteurs car le discours fut évidemment une réussite et le développement du sport au Sénégal ne fut pas oublié car Albertine elle est comme ça, elle fait les choses à fond ! Pistes d’Afriques peut en témoigner tant elle nous a facilité notre immersion dans le sport sénégalais.

Albertine, son objectif c’est de rendre le maximum de gens heureux autour d’elle en utilisant le sport comme levier principal. Alors vous pensez bien que, quand on lui a dit avec Antoine que la gymnastique pour nous c’était surtout des mauvaises anecdotes, elle s’est empressée de nous prendre la main pour nous conduire dans le seul « lieu » de gymnastique de Dakar. Nous aurions voulu dire salle de gymnastique mais cela aurait été un peu mentir car les gymnastes de Dakar s’entrainent sur des tapis de lutte et de judo et disposent de l’ensemble des agrès depuis peu…

 

Encore pire que ma salle de gymnastique au collège, c’est juste hallucinant. Et pourtant quel espace de vie plus animé ! Des sourires se comptant à la pelle et se retrouvant sur les visages de tous. Un moment inattendu et touchant, que Pistes d’Afrique se propose de vous faire partager.

Vous voyez, je vous l’avais dit pour Albertine…

Laissez vos commentaires sur ce sujet !

Aucun message nʼ a été trouvé.

Entrez dans l'Arène

 

 

 

Déjà un mois que nous parcourons le Sénégal et pas une journée n’est écoulée sans que le sujet ne soit évoqué. Pas une seule personne rencontrée qui n’ait un avis sur cet évènement.

Nous avions pourtant été prévenus par nos amis sénégalais bien avant notre départ. « Vous verrez, dans mon pays, le véritable sport n°1 n’est pas le football. Le sport pour lequel tout le monde se passionne, celui qui fait rêver les enfants, qui fait se lever un stade et tout un peuple comme nul autre, c’est la lutte ». Depuis nos contrées françaises l’ampleur de cette exception culturelle sénégalaise, qui nous semblait attendrissante par son folklore et sa ténacité face aux grands phénomènes sportifs désormais universels, nous paraissait sensiblement survendue. Après en avoir fait l’expérience, nous pouvons vous assurer qu’il n’en est rien.

Depuis des mois, le compte à rebours du Sénégal tout entier est fixé sur une date précise : le 4 Avril 2010. Le Cinquantenaire de l’Indépendance du Sénégal ? Relégué au second plan. L’inauguration de la très controversée Statue de la Renaissance Africain ? Bien mieux que ça. Tous les cœurs des sportifs du pays – donc tous les cœurs du pays – ne battent que pour le choc tant attendu. L’affrontement déjà mythique qui verra s’opposer les deux plus grandes légendes de l’histoire de la lutte sénégalaise avec frappe. Pendant des mois les palabres ont été bon train, l’encre des journalistes a excessivement coulé, mais le 4 Avril le verdict va enfin tomber.

Ce dimanche le Grand Combat a eu lieu et Pistes d’Afrique a eu l’immense chance d’être au bord de l’Arène. Entrez dans l’Arène.

Bienvenue au Stade Léopold Sedar Senghor, le plus grand du pays, dans lequel quelques 50.000 personnes se sont massées pour assister au spectacle du jour. Un show de plusieurs heures passionnées dans lequel chaque supporter sait que le nectar – le combat - ne durera que quelques secondes. Peu importe la durée, sa saveur sera bien tenace…

L’affrontement du jour oppose tout simplement ce qui se fait de mieux dans l’univers terriblement compétitif de la lutte.

D’un côté Yekini, de son vrai nom Yakhya Diop. Le Roi des Arènes. Un palmarès sans équivoque : 18 combats, 0 défaite. Depuis le début de sa carrière le 17 Août 1997 le phénomène de Joal-Fadiouth n’a jamais été terrassé, personne n’est parvenu à le faire tomber. Impensable il y a quelques années, il a mis fin au règne sans partage de son adversaire du jour, celui qui a porté la lutte sénégalaise au sommet, d’où elle peut désormais déchaîner toutes les passions.

De l’autre côté, Mohamed Ndao dit Tyson. Une véritable légende vivante au Sénégal qui a régné sur toutes les arènes du pays de 1995 à 2002. Un palmarès brillant de 3 défaites pour 11 victoires et surtout une retraite annoncée le 7 janvier 2007 après une défaite plus que controversée contre le dénommé Bombardier. Ce jour là un très grand lutteur avait tiré sa révérence, mais chaque Sénégalais amateur de lutte savait au fond de lui qu’un jour la colossale carcasse du cogneur de Kaolack retournerait au cœur de l’arène pour un dernier exploit…

C’est dans un stade surchauffé que les acteurs font leur entrée, chacun dans son style caractérisé. Contrairement au programme, Yekini arrive en premier dans le stade LSS à bord d’une Pajero beige, ponctuel comme à son habitude, à 17h précises. Un premier tour d’honneur en voiture, un second à pied, pour saluer la foule et afficher sa légendaire sérénité. Alors que dans les tribunes les réactions sont vives et que la ferveur est décuplée par les provocations du camp adverse, Yekini – entouré de sa cohorte de marabouts - tourne tranquillement sur la piste du stade, respectueux de tous et déjà concentré sur l’affrontement ainsi que sur sa préparation mystique indispensable.

Il est 17h20 : Tyson est officiellement de retour. Le légendaire lutteur est sorti de sa retraite, préparé de façon intensive et inédite aux Etats-Unis pour réussir son come-back. Avec 35 minutes de retard (facturées à 10.000FCP = 15€ la minute par le Comité d’Organisation) le lutteur de la « Génération Boul Falé » apparaît à bord d’une BMW Grise X6 dernier modèle au dessus de laquelle flotte la bannière étoilée des Etats-Unis. Une entrée « à l’américaine » et le stade, qui nous semblait déjà bouillant après l’apparition du Roi des Arènes, se déchaîne littéralement. Le véhicule se fraie difficilement un passage dans la cohue de journalistes tentant d’obtenir le cliché du retour du Grand Tyson. Dans cette folie le premier tour de stade de Tyson, pourtant motorisé, durera près de 45 minutes. L’ex-retraité sort alors de la voiture, le drapeau de l’Oncle Sam sur les épaules. Il n’en fallait pas tant pour faire exploser l’enceinte une seconde fois puis plonger ses supporters dans une véritable hystérie par quelques pas de danse parfaitement exécutés…

Après avoir réussi leur entrée, les deux clans procèdent à la préparation mystique des lutteurs - le moment d’extrême complexité pour les novices que nous sommes – durant lequel se décide véritablement l’issue du combat si l’on en croit les connaisseurs. A grand renforts de bouteilles magiques, les marabouts transmettent à leur poulain la puissance divine, ainsi que les indications nécessaires à la bonne utilisation des liquides : à boire / à verser sur la tête / à verser sur le corps / à verser dans l’arène. S’ensuivent les stratagèmes parmi lesquels figurent dessins dans le sable grâce aux cornes de buffles, le troisième œil par lequel il faut regarder son adversaire, le cerceau de bois dans lequel il faut passer 3 fois, les œufs à exploser aux 4 coins de l’arène tout cela en mâchant continuellement le morceau – de bois pour Tyson, de tissu pour Yekini – afin que la préparation mystique soit complète.  

Après près de 3 heures de préparation, devant un public incroyablement endurant et inspiré, le Grand Combat a enfin lieu. Tyson et Yekini entrent dans l’Arène.

Un salut aux trois officiels, une présentation face à la tribune présidentielle copieusement garnie pour l’occasion et les colosses se font enfin face. Cela fait plusieurs mois que tout un peuple attend ce moment, cet affrontement déjà mythique par la hauteur de l’enveloppe accordée aux deux protagonistes, et les quelques courtes minutes d’action à venir qui changeront tout, ou rien.

Après un round d’observation de 3 minutes au rythme du balancement de bras des deux adversaires, et une intervention du trio arbitral pour signaler que le temps est venu de combattre, Tyson prend l’initiative en lançant un crochet du gauche auquel Yekini réplique par un enchaînement gauche-droite qui l’atteint au visage. Le corps-à-corps s’engage alors et le guerrier de Joal-Fadiouth profite de la puissance de la charge portée par Tyson pour l’emporter dans sa chute et ainsi lui faire toucher la tête au sol le premier. En quelques secondes Yekini l’emporte dans la liesse générale et court vers son clan et ses marabouts après avoir serré dans ses bras et remercié le grand perdant du jour.

C’est fait.

La suite au cœur du stade est un mix relativement incontrôlé d’envahissement du terrain, de remise du trophée, de conférence de presse et de fuite en voiture de Tyson, harassé par la foule. Dans la folie générale, Yekini annonce qu’il attend Bombardier, pour un nouvel affrontement et écrire une nouvelle page de l’histoire.

Aux abords du Stade et dans tout Dakar les supporters des deux clans chantent, survoltés sur les toits des voitures, camions et autres bus. Les gens courent, sautent, crient et chantent.

Dans tout le pays on célèbre un seul sport : la Lutte Sénégalaise.

Et on rend un vibrant hommage à un seul homme.

Le Grand Yekini, Roi des Arènes.

 

 

 

Réaction post-combat de Yekini:

 « Tyson a tenté un crochet du gauche que j’ai bien encaissé. J’ai ensuite répliqué par un « gauche-droite ». Comprenant la tactique qu’il voulait entreprendre, j’ai aussitôt changé ma stratégie en mettant à sa disposition ma jambe gauche. Je savais qu’il n’allait pas résister à la tentation de vouloir prendre ma jambe. Et lorsqu’il a mordu à l’hameçon, je pouvais enchaîner par une hanchée. La suite, on la connaît, il s’est retrouvé la tête dans le sable. (…) Si la victoire m’est revenue c’est grâce à Dieu. Je demande à Tyson de ne pas se décourager et de rester dans l’arène, pour qu’on poursuive le travail qu’on a effectué jusque là. (…) Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont soutenu. C’est un combat qui a été suivi un peu partout à travers le monde. Que Dieu vous rende votre gratitude et votre générosité.»

Laissez vos commentaires sur ce sujet !

Aucun message nʼ a été trouvé.

 En attendant le Grand Combat...

Il paraît que l'on reconnait la richesse d'une culture à la prégnance des rituels ancestraux, ces traditions qui ont résisté au temps et rappellent en permanence d'où l'on vient. Avant de venir au Sénégal, nous serions certainement restés dubitatifs face à cet adage, mais il faut bien avouer que cette première rencontre avec la lutte sénégalaise allait changer notre vision des choses. Pour beaucoup évidemment, la lutte sénégalaise n'est pas une nouveauté tant cette discipline a franchi depuis bien longtemps les frontières du pays par l'engouement populaire qu'elle suscite. Nous imaginons déjà d'ailleurs certains penser tout fort que débuter Pistes d'Afrique par une immersion dans le monde de la lutte constitue une porte (trop ?) facilement enfoncée, qui pourrait décevoir... Qu'ils se rassurent vite car avec ce premier opus, notre intention est bien de montrer aux non initiés d'abord une discipline qui transcende la seule dimension sportive. Une arène où les belles histoires ne manquent pas, où l'avant et l'après combat sont tout aussi importants que les rares secondes d'affrontement, un moment intense où les bruits (les clameurs du public, les cris des lutteurs, la musique traditionnelle et les chants qui accompagnent le combat...) comptent autant que la performance.

Avec le trio gagnant "texte / photo / vidéo" notre "palette" à nous, Pistes d'Afrique vous invite au cœur des finales de lutte des championnats nationaux universitaires UASSU de Dakar. Au programme : de la lutte authentique sans frappe celle qui se rapproche le plus de la gréco-romaine, ce sport bien connu chez nous depuis les aventures des frères Guénot à Pékin. Une initiation proposée au travers de 6 combats qui ont vu s'opposer à chaque fois de beaux bébés dont les plus imposants approchent la barre des 100 kilos (pas si éloignée que ça du poids de forme du Prep en guise de clin d'oeil à un ami proche qui aurait adoré à coup sûr être avec nous). Une première au cours de laquelle nous nous en sommes a priori pas mal sortis... la chance du débutant, peut être. La gentillesse des sénégalais et la frénésie qui les anime quand il s'agit de parler de LEUR sport national, certainement...

Mais avant les chocs pour lesquels les photos et vidéos seront plus parlantes pour comprendre la nécessité impérieuse de mettre les 4 appuis de son adversaire au sol pour l'emporter, évoquons l'avant combat, inamovible montée en puissance en solitaire dont l'objectif est le ralliement de tous les bons esprits. Il faut savoir en effet que la lutte sénégalaise répond à la célèbre règle du "80 / 15 / 5" : 80% de mystique, 15% de physique et 5% de mental... Pour le physique, on peut comprendre aisément quand on voit les dispositions naturelles des Sénégalais sans équivalent avec les nôtres, si ce n'est peut être la performance de Daël à concentrer les coups de soleil en 24h ! Mais pour le mystique, une explication technique n'est pas superflue. Quand il s'agit de réussir un combat, le lutteur s'avère être un grand créatif. Les gri-gris accrochés à leur taille restent une valeur sûre. Le sable magique origine son village 100% garanti - méticuleusement mélangé par le Marabout de la team - à de la potion magique dans une bouteille d'eau, qu'on s'asperge par la suite est un incontournable, ne serait-ce que pour se rafraichir après 2 heures de préparatifs. La corne de zébu avec laquelle on dessine son adversaire sur le sol pour lui jeter le mauvais sort, même si un peu guerrière, est étonnante... Mais rien en comparaison de l'une de nos astuces préférées, qui consiste à passer en rampant entre les jambes d'un vainqueur quand on la chance de ne pas faire partie du combat inaugural. A ces règles de base, ne pas oublier un bon échauffement en courant autour de l'arène, le footing laissant par moment place à des pas de danse bien sentis en rythme avec la musique traditionnelle sénégalaise qui accompagne les combats. Le twist local finalement auquel nous n'avons pas manqué de nous tester pour rappeler, s'il en était nécessaire, que les blancs savent un peu danser...


Un avant-match afin de parvenir à "terrasser" - terme technique officiel - son adversaire, condition nécessaire pour célébrer la victoire avec tous les supporters et... son adversaire déchu qui oublie ainsi rapidement sa déception pour tenter de supplanter son vainqueur en danse ou en nombre de partisans.

Une belle fête que nous avons souhaité partager avec vous dans l'attente du grand combat de demain, point d'orgue des célébrations du cinquantenaire de l'indépendance du Sénégal, le duel "stratosphérique" opposant Yekini à Tyson. Goliath contre... Goliath, le must de la discipline ! 60 000 personnes dans le stade national pour assister à quelques secondes de combat, c'est quand même la classe et pour rien au monde, Pistes d'Afrique ne pouvait manquer ça. Suite au prochain épisode donc en espérant que nos accréditations de journalistes nous permettront de saisir l'ambiance.

Et puis zut, crions-le : allez Yekini, le Roger Federer local, LE roi des arènes jamais terrassé à ce jour. Notre favori vous l'aurez compris, amateur de foot parait-il et dont le club préféré en France serait l'OM. Pas si surprenant me répondrez-vous quand on sait que Niang et Diawara sont sénégalais. On lui espère en tout cas la même réussite !

 

Laissez vos commentaires !

Date
Par
Sujet

lutte

merci bamba !

Date
Par
Sujet

population locale

On sent vraiment aucun étonnement ou surprise dans le regard des gamins lorsque la caméra les filme.
Commencez vous à vous faire connaitrer reconnaitre dans la ville.
Quelles sont les premières réactions des locaux quand vous évoquez le pourquoi de votre venu?

Date
Par
Sujet

Re: population locale

Salut à toi, dénommé preprep.
Ta remarque est bonne et justifiée.
Les gens ici sont plus qu'heureux de savoir notre démarche, car ils constatent très facilement que peu d'occidentaux d'interessent à eux et à leurs sports. Cette remarque est toute aussi valable pour le football que pour les autres sports. Du coup l'accueil est véritablement chaleureux.
Pour ce qui est de la surprise des enfants, elle s'explique par le fait qu'ils n'ont jamais eu la chance d'être filmés, et que le temps nécessaire pour comprendre l'action d'une caméra face à eux n'est pas nul.
De plus ils n'ont jamais chanté "le port d'amsterdam" au Kfé Théâtre, leur confiance en est donc naturellement réduite.

Date
Par
Sujet

lutte

super et beau travail !
rien a dire car c'est complet!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Rechercher dans le site

© 2010 Tous droits réservés.