La folie de la Coupe du Monde s'empare de l'Afrique

22/06/2010 11:52

Elle est là et bien là: la Coupe du Monde 2010.

Alors que l'un de nos postulats de départ était de montrer que cette manifestation était avant tout celle d'un pays qui ne représente pas forcément l'ensemble de l'Afrique, nous nous sommes rapidement rendus compte qu'il n'en était rien. En effet, les africains considèrent que cette compétition appartient à l'ensemble du continent. Dans tous les pays que nous avons traversés les gens se sont montrés unanimes sur le fait que cette Coupe du Monde est celle de toute la grande famille africaine.

Aussi, dans le même sens, les africains supportent en priorité leur pays d'origine - si celui-çi est qualifié pour la grande compétition - mais ils supportent aussi et invariablement toutes les autres nations africaines. Chaque match de l'Algérie, du Ghana, de la Côte d'Ivoire, du Cameroun, du Nigéria et bien évidemment de l'Afrique du Sud est un rendez-vous durant lequel tout un continent montre son unité et pousse vers la victoire afin de porter haut les couleurs de "la famille africaine".

Au-delà de ces matchs africains, toutes les rencontres de la compétition sont largement suivies dans les pays que nous avons traversés (pour ne pas extrapoler à l'ensemble du continent, ce qui semble pourtant possible) et tous les dirigeants qu'ils soient du domaine public ou privé admettent que les sociétés tournent au ralenti durant la coupe du monde tant elle mobilise l'attention de chacun. Pour les grands matches la vie s'arrête littéralement, les véhicules ne circulent plus, les bars font le plein, et la bière coule à flots.

C'est ce que j'ai pu constater lundi 14 juin au Cameroun pour la première rencontre des lions indomptables dans ce mondial (qui s'est malheureusement soldée sur une défaite) : pendant toute la journée l'excitation fut palpable dans l'ensemble de Yaoundé, à 13h tous les employés furent libérés pour mieux préparer le match de 15h, pendant le match plus un seul véhicule ne circule. Dans les bars tout le monde attend la libération, le but qui va faire exploser tout un peuple, et par extension tout un continent. Associé au football, l'optimisme est le sport national des camerounais, convaincus qu'ils seront champions du monde dans un mois, et que le grand Samuel Eto'o leur apportera les victoires méritées.

Pour une anecdote parmi d'autres, j'ai rencontré le soir du départ de Maxime un employé de l'aéroport de Douala, responsable du rangement des chariots, qui avait parié 150.000FCFA (soit 230€, ou plus de deux fois son salaire mensuel) sur la victoire des lions à la grande compétition sud-africaine...

Revenons à ce 14 juin... Jusqu'à la dernière seconde tout le pays croit à la victoire des lions, et au coup de sifflet final l'optimisme prend le dessus sur la déception et se voit alors reporté sur le prochain match face au Danemark... L'espoir demeure, "impossible n'est pas camerounais !"

Dans la défaite il est alors temps de reprendre une bière pour refaire le match et commenter les choix de chacun, et notamment ceux du sélectionneur français Paul le Guen. Hors de question de retourner travailler. Dans un scénario de victoire, il aurait été temps de reprendre une bouteille de 33 Export ou de Castel et de célébrer les lions jusqu'à l'aube. Un jour ferié aurait été officieusement décrété et aurait permis de prolonger la liesse encore un peu plus longtemps.

Derrière le football, l'Afrique est véritablement unie. Ce concept est inexistant en Europe : pour quelle rencontre verrons-nous les français, italiens, espagnols et allemands se prendre par la main pour supporter l'équipe nationale anglaise ??

Terminons avec le fiasco bleu qui est très suivi dans toute l'Afrique francophone, et qui ternit l'image de la France, au delà du football. Les africains francophones sont de fervents supporters des bleus, et étaient dans l'attente d'une équipe qui les fasse rêver comme a pu le faire la sélection de Zinédine Zidane en 1998, en 2000 voire en 2006. Au lieu de cela ils constatent que personne en équipe de France n'est capable de prendre ses responsabilités, et à leurs yeux les français, qui aiment tellement donner des conseils (pour ne pas dire des leçons) aux Africains dans tous les domaines, ont désormais perdu une part de leur crédibilité et feraient mieux de faire le ménage devant leur porte avant de venir dénoncer les dysfonctionnements du continent noir. Après Sarkozy et son discours de Dakar, les footballeurs apportent leur pierre à l'édifice...

Une bien mauvaise image générée depuis plusieurs années par un encadrement des bleus irresponsable et par quelques joueurs n'ayant aucune capacité de réflexion et aucune valeur patriotique...

Avec ou sans les bleus l'Afrique toute entière continue de célébrer le premier grand évènement sportif organisé sur son territoire, et la fête continue... Vive 2010 ! Vive l'Afrique !

 

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